Date
2017 - Appel d'offre ouvert
Concerne
Marché public de promotion de travaux
Chantier
B–4000 LIEGE
Description
A. Organigramme
Le premier défi s’articule sur le curetage de l’îlot central, dégager le plus possible l’espace
central tout en garantissant l’accessibilité aux personnes à mobilités réduites.
Un des objectifs de la Ville étant de permettre un accès PMR à une majorité des logements et
plus particulièrement à ceux situés en plein centre, à proximité de tous les services:
commerces, lieux de culture, transports, … la conception de logements de plain-pied ainsi
qu'une rationalisation des circulations et des communications verticales est nécessaire. Placer
les trois appartements publics au sol ne peut être envisagé sans occuper une surface que
nous réservons à la collectivité.
Réfutant le principe des passerelles extérieures souffrant de nos conditions climatiques,
réduisant l’intimité des appartements longés et entrainant des problèmes de servitude de
vues vis à vis des habitations avoisinantes, la marge d’adaptation au programme, aux
potentiels et aux contraintes de la parcelle nous dictent le placements de plusieurs
ascenseurs. Ils permettent d’augmenter et agencer à convenance la proportion de logements
accessibles PMR sans impacter la surface au sol.
Suite logique, la répartition gauche / droite des appartement s’opère, confirmée par
l’avantage de bénéficier d’appartements traversants. Le niveau de confort du logement ainsi
atteint apporte sérénité et pérennité tout en autorisant souplesse et adaptabilité des
agencements des appartements. Au stade de cet appel d’offre et sans véritable plan de
surfaces précises, malgré notre relevé réalisé par un géomètre, si la mixité est garantie avec
plus de 50% de l’ensemble de tous les logements adaptables aux personnes à mobilité
réduite, rien n’est figé; la concertation est privilégiée.
De même et hors du champ de ce marché mais tenant compte du contexte en centre ville et
du code d’urbanisme, l’obligation de descendre les pignons à 2m50 plus bas que le niveau
0.00 et les murs en façades à rue à minimum 1m50 interpelle. L’aménagement de sous sols
non souhaité à ce jour, pourrait reprendre des cellules complémentaires de rangements pour
les appartements ainsi que des zones de stockage pour les commerces, tout en dégageant
certaines nouvelles fonctions hors-sol.
B. Gabarits - élévations
Organiser le parcellaire et agencer la programmation en corrélation avec l’environnement
immédiat revient à travailler en va-et-vient suivant la prise en compte du contexte environnant.
D’un coté, la continuité de la rue de Gueldre passe par la prolongation horizontale du niveau
de la terrasse du n°19 jusqu’au raccord avec la maison n°7.
Du n°14 de la rue de la Cathédrale, les volumétries s’organisent par gradations jusqu’à
s’adosser en contre buttage du n°26.
Densification / limites parcellaires
De volumétries simples de base, les appartements des étages supérieurs des deux rues
s’effacent des volumes de socles pour libérer l’espace ciel.
La réduction des hauteurs excessives à l’époque actuelle des habitations voisines rue de
Gueldre insère l’articulation des différents appartements et au bâti existant. Dès le stade du
premier étage, aucun volume ne déborde des limites latérales arrière des constructions
principales existantes. Le curetage devient volume libéré.
Les principes de dégressivité et de raccords volumétriques sont maitrisés, seuls les volumes
d’accroche de la façade arrière Cathédrale se hiérarchisent pour établir l’attache au n°26.
Le caractère simple des façades démolies de la rue de Gueldre ne pose d’aucun remord, le
porche hypnotise et manifeste l’entrée du nouveau projet global tandis que les persiennes
garantissent la sécurité et l’intimité des locaux diurnes.
Ouverture / fermeture
La transparence des commerces voulue à raison est totale tant sur la profondeur que la
largeur complète de la rue commerciale. La lumière et la végétation comme fonds de scène
attire le badaud aux vitrines des trois commerces à la répartition équitable. Organisés suivant
la même volonté, les logements traversant bénéficie tous de la vue et de l’accès au jardin,
d’une ventilation naturelle où l’orientation Nord Sud trouve tout son sens.
Public / privé
Construire deux immeubles indépendants mais en vis à vis nécessite de matérialiser la
continuité, l’homogénéité adaptée. Les matériaux viennent à notre service. Depuis les rues,
les façades externes sont similaires sans être identiques. La couleur des volumes supérieurs
en retrait souligne l’effet de corniche du premier plan
L’emploi de bacs en acier laqués de teinte blanc, lisses ou perforés selon la destination,
révèle l’effet de peau comme traitement de l’enveloppe extérieure. Protections solaires ou
intimités des personnes, les volets-persiennes dialoguent et donnent un caractère d’unité aux
façades. Outre la rigueur verticale des bacs dissimulant de larges balcons inévitablement
horizontaux, l’ouverture des persiennes dynamise les plans-façades, rythme et séquence la
progression dans les rues au gré des ouvertures et fermetures de celles-ci. La lumière
naturelle projetée sur les éléments de façades accentuera également cette rythmique. Les
trois plans de peau de la rue de la Cathédrale séquencent les travées verticales dans la trame
urbaine. Leur retour perpendiculaire à la rue pourrait servir de support d’enseigne ; tandis que
le plan unique de la façade rue de Gueldre encense la symbolique du porche d’entrée dont la
gestion se matérialise par une grille avec portillon d’accès permettant l’entrée autorisée aux
logements.
Le socle, rue de Gueldre, la continuité des seuils en pierre de taille et du bandeau supérieur
des vitrines rue de la Cathédrale soulignent les strates horizontales des rez-de-chaussée.
Les façades internes se correspondent par leur revêtement en crépis qui protège l’épaisse
couche d’isolant. Elles s’effacent au profit des excroissances et terrasses qui prolifèrent et s’y
greffent à l’intérieur de l’îlot comme autant des loges devant une scène, le jardin devient
spectacle.
C. Aménagements intérieurs - extérieurs
Nord / Sud
L’orientation et la relation avec le contexte extérieur sont les stades initiaux de toute
conception architecturale dans l’organisation interne de logements. La rue de la Cathédrale
orientée Sud-Est invite à aménager les espaces de vie et les terrasses extérieures vers leur
face ensoleillée.
Contrairement, l’agencement des appartements rue de Gueldre bénéficie du calme de la rue,
apporte la fraîcheur et le sommeil aux résidents tout en offrant jardin et lumière aux terrasses
débordantes.
Les dimensions et proportions des locaux de vie les plus allongés possible vison-visu de
l’emprise des rues offrent des volumétries intérieures à la sensation dégagée, simple et claire.
Ils offrent les garanties de qualités spatiales d’habitabilité de la vie intérieure.
L’orientation, l’éclairage naturel et les rangements tant communs que privés sont généreux,
complets et diversifiés.
La configuration et la fonctionnalité des espaces servants et servis ; logements et communs si
elle paraît évidente n’est que l’aboutissement et la mise en projection du vécu dans le projeté.
L’ensemble des collaborateurs de nos deux bureaux habitent et vivent à Liège et tous
considèrent que le traitement des espaces construits et non construits doivent entrer en
résonance avec les services offerts par la Ville et le tertiaire au bien être de vivre en ville.
D. Système constructif- matériaux
Tout comme le projet Coronmeuse, nous travaillons le bois, élément omniprésent et fondateur
de la construction passive. Le système constructif CLT se compose d’un assemblage de panneautages en bois massif formant des volumes complets préfabriqués en atelier et
assemblés sur site dans des délais « record » sans zone gênante de chantier en plein centre
urbain.
Les pignons mitoyens sont entièrement isolés et rendus indépendants des caissons
homogènes porteurs. Une isolation adaptée ceinture l’ensemble de toutes les surfaces: sol,
pignons, façades.
La structure en bois massif des planchers permet les portes à faux sans ponts thermiques.
Recouverts d’une chape sèche aux qualités thermiques, mais surtout acoustique, ils
acceptent toute finition souhaitée.
E. Objectifs en matière de préservation des ressources (aspect
environnemental du développement durable)
Etant donné que la part essentielle de la consommation totale d’énergie d’un bâtiment sur sa
durée de vie provient directement de sa consommation d’énergie à l’utilisation (chauffage
pour l’essentiel, eau chaude sanitaire ensuite et électricité résidentielle en 3° poste), nous
poursuivons notre volonté affichée lors du projet Coronmeuse d’orienter comme premier axe
de contrainte, le choix assumé d’un bâtiment passif qui a l’avantage d’offrir un standard de
qualité univoque et clairement défini, certifiable et déjà testé de par le monde.
S’il vise en premier lieu le confort d’hiver chez nous (besoin net en énergie de chauffage très
faible, l’équivalent de 150 litres de mazout ou m³ de gaz par an pour un logement de 100m²),
il ne délaisse pas non plus le confort d’été (risque de surchauffe vérifié et limité à 5% du
temps au-dessus de 25°C).
Les moyens pour y parvenir sont relativement simples. L’ergonomie des volumes joue à son
avantage, elle est complétée par un niveau d’isolation élevé et une bonne gestion de
l’étanchéité à l’air de l’ensemble.
Le système constructif retenu est le bois massif contrecollé croisé qui se combine
parfaitement bien avec ce choix pour diverses raisons :
- les éléments porteurs sont plus minces, ce qui laisse plus de place à l’isolation sur un
complexe d’une épaisseur définie ;
- ils contribuent eux-mêmes dans une moindre mesure à cette isolation de par les
caractéristiques intrinsèques du bois (15x plus isolant que le béton) ;
- l’élément bois peut être considéré comme élément isolant interposé dans le cadre du
calcul des ponts thermiques, les rendant plus faciles à gérer ;
- enfin, le système se présentant sous la forme de panneaux de grand format, les jonctions
à rendre étanche à l’air sont réduites.
Des systèmes de ventilation double-flux avec récupération de chaleur sont placés dans les
différentes unités de logement. Pour des raisons pratiques et acoustiques, chaque unité
dispose de son propre groupe de ventilation de façon à en maîtriser l’usage et la régulation
tout en ne créant pas de risque de transmission de bruit entre les logements.
Les façades principales orientées Sud-Est, les apports solaires sont optimisés et contrôlées.
Les grandes baies reculées apporteront lumière sans effet de surchauffe grâce aux voletspersiennes
qui se jouent de la lumière, la transparence des façades ou de la recherche
d’intimité. Les toitures plates vertes limitent les effets de surchauffe.
Les besoins étant limités à l’extrême, le choix du système de chauffage devient dès lors très
peu impactant sur la consommation globale de l’ensemble. Les besoins en eau chaude
sanitaire deviennent prépondérants ; ils sont pour leur part couverts par des pompes à
chaleur ECS qui permettent de réduire la consommation de façon importante (COP visé de
2,5).
Une installation photovoltaïque est placée en toiture et vient compenser les consommations
électriques des communs (éclairage, ascenseur, …) afin d’offrir un bâtiment avec des
charges communes extrêmement réduites.
Le deuxième poste de consommation d’énergie grise d’un bâtiment est la consommation
d’énergie liée à sa construction, le bois prend tout son sens : matériau naturel, local, stockeur
de carbone, nécessitant peu d’énergie pour les phases « extraction de la matière première »
et « préfabrication ». De par sa légèreté, il implique également une consommation moindre au
niveau du « transport ».
La préfabrication des éléments implique l’absence de déchets de construction sur le chantier.
L’entièreté des déchets produits sur la chaîne de fabrication est ainsi directement récupérée
en atelier et valorisable (production de chaleur et d’électricité pour les processus des chaînes
de montage).
Le système constructif retenu garanti en outre la provenance des matières premières ainsi
que la réalisation de toutes les phases de transformation en Europe de l’Ouest.
L’isolation des façades (éléments les plus déprédatifs de par leurs surfaces importantes) sera
réalisée en polystyrène expansé recouvert de bac en acier laqué lisses et perforés suivant leur
fonction.
Si le troisième poste de consommation d’énergie grise d’un bâtiment est lié à sa démolition, le
bois s’avère toujours pertinent. Les moyens techniques à mettre en oeuvre en démolition sont
simples et limités ; les nuisances très réduites ; les déchets sont au minimum valorisables
comme combustibles.
F. Composante végétale
Sur l'ensemble des parcelles acquises, le seul «espace» extérieur non construit est
actuellement la courette qui donne accès aux deux annexes n°3 Rue de Gueldre(+/-20m2),
c’est-à-dire 0,25% de la surface au sol. Un des objectifs essentiels du marché étant de
dégager l’intérieur d’îlot en vue d’y créer un espace paysager de qualité, le marché impose
une surface dégagée de 30% de la contenance totale des 828,34m2.
Nous comprenons parfaitement bien que ce dégagement important végétalisé profite aux
résidents mais aussi aux propriétés privées situées à la périphérie de l'opération et les incitera
peut-être à faire de même.
La composante végétale est donc un élément important du projet ; l’espace vide n’est pas nu,
il doit intégré de façon tridimensionnelle, les différents plans-espaces : surface, contours,
objet.
Au sol, à titre de traitement de surface, nous libérons 320m2 au lieu des 248,50 demandés.
Le sol percolant reprend les différences de niveaux entre les deux rues, accentue la
transparence voulue de la construction rue de la Cathédrale et incite à la convivialité des
habitants : jardin, potager urbain, … Apprendre les quoi, quand, comment.
Ancien / nouveau
Traces du passé, « à la recherche de Léodium », les pieds des murs des annexes sont en
parties maintenus et participent au renouveau de l’intérieur d’îlot. Tantôt étêtés à 40cm, coiffés
d’un cimentage bombé, ils sont recouverts de tôles en acier laqué formant banquettes tout en
rappelant les volets persiennes d’un autre plan-espace. Chaque partie de murs d’altitude
variable suivant l’existant est envahie différemment par le végétal : son orientation , sa hauteur
de protection et réverbération de la chaleur, … engendre un jardin aux milles sens. Certaines
parties d’anciennes baies de fenêtre forment des cadres de composition paysagère ponctuels
qui développent la notion de rythme et de parcours par les faces et les champs visuels
successifs qu’elles engendrent. D’autres parties de murs gardent leur rôle porteur retenant
des structures légères en acier laqué servant d’abris vélo avec crochet de cadenas, de
gloriette recouverte de plantations. Chaque zone équivaut à une multitude d’instants, le jardin
se décompose : relaxante lors des temps de midi des commerçants, il devient accueillant lors
d’un vernissage. Fragmenté et global, il laisse libre cours à ses envies.
Ouvert / fermé
Plutôt que d’essayer vainement de recouvrir et cacher les mitoyens, l’implantation de trois
arbres réduit l’impact visuel oppressant des gabarits situés rue de la Madeleine. Les
dégagements sont choisis, les vues abaissées tout en offrant l’espace aux propriétés privées
situées à la périphérie de l'opération
La végétation s’approprie les plans-façades. La gradation des volumes vers le n°26 rue
Cathédrale et les vides volontairement choisis sont autant d’espaces dégagés aux plantes
grimpantes de couleurs changeantes. Elles animent les pourtours.
L’intégration végétale est complétée par l’ensemble des toitures toutes végétalisées pour
permettre en outre de créer un stockage naturel des eaux de pluie et un déphasage
bénéfique pour le dimensionnement des conduites d’égouttage mais aussi une réduction
conséquente du choc thermique des logements et du réchauffement climatique.
Lors de notre visite, nous avons constaté qu’une cave voutée qui mériterait un meilleur destin
que sa démolition et son remblayage. Avec un plan plus détaillé des sous-sols, nous
pourrions envisager d’en faire par exemple la cave rangement du matériel commun du jardin.
Un équipement culturel de plein air conçu sous le double signe de la rencontre et de l'union
des contraires: la nature et la ville, le corps et l'esprit, le savoir et le faire, .tel que quatre
sculptures objet « les quatre saisons » stimule les angles de vue, individuellement ou par
succession, elles s’additionnent et donnent une place de choix à la part culturelle qu’un tel
projet peut inciter.