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A la recherche de Léodium dans l'harmonie des dualités
488-CAT
Date
2017 - Appel d'offre ouvert
Concerne
Marché public de promotion de travaux
Chantier
B–4000 LIEGE
Description
A. Organigramme

Le premier défi s’articule sur le curetage de l’îlot central, dégager le plus possible l’espace central tout en garantissant l’accessibilité aux personnes à mobilités réduites.
Un des objectifs de la Ville étant de permettre un accès PMR à une majorité des logements et plus particulièrement à ceux situés en plein centre, à proximité de tous les services: commerces, lieux de culture, transports, … la conception de logements de plain-pied ainsi qu'une rationalisation des circulations et des communications verticales est nécessaire. Placer les trois appartements publics au sol ne peut être envisagé sans occuper une surface que nous réservons à la collectivité.
Réfutant le principe des passerelles extérieures souffrant de nos conditions climatiques, réduisant l’intimité des appartements longés et entrainant des problèmes de servitude de vues vis à vis des habitations avoisinantes, la marge d’adaptation au programme, aux potentiels et aux contraintes de la parcelle nous dictent le placements de plusieurs ascenseurs. Ils permettent d’augmenter et agencer à convenance la proportion de logements accessibles PMR sans impacter la surface au sol.
Suite logique, la répartition gauche / droite des appartement s’opère, confirmée par l’avantage de bénéficier d’appartements traversants. Le niveau de confort du logement ainsi atteint apporte sérénité et pérennité tout en autorisant souplesse et adaptabilité des agencements des appartements. Au stade de cet appel d’offre et sans véritable plan de surfaces précises, malgré notre relevé réalisé par un géomètre, si la mixité est garantie avec plus de 50% de l’ensemble de tous les logements adaptables aux personnes à mobilité réduite, rien n’est figé; la concertation est privilégiée.

De même et hors du champ de ce marché mais tenant compte du contexte en centre ville et du code d’urbanisme, l’obligation de descendre les pignons à 2m50 plus bas que le niveau 0.00 et les murs en façades à rue à minimum 1m50 interpelle. L’aménagement de sous sols non souhaité à ce jour, pourrait reprendre des cellules complémentaires de rangements pour les appartements ainsi que des zones de stockage pour les commerces, tout en dégageant certaines nouvelles fonctions hors-sol.

B. Gabarits - élévations

Organiser le parcellaire et agencer la programmation en corrélation avec l’environnement immédiat revient à travailler en va-et-vient suivant la prise en compte du contexte environnant. D’un coté, la continuité de la rue de Gueldre passe par la prolongation horizontale du niveau de la terrasse du n°19 jusqu’au raccord avec la maison n°7.
Du n°14 de la rue de la Cathédrale, les volumétries s’organisent par gradations jusqu’à s’adosser en contre buttage du n°26.
Densification / limites parcellaires
De volumétries simples de base, les appartements des étages supérieurs des deux rues s’effacent des volumes de socles pour libérer l’espace ciel.
La réduction des hauteurs excessives à l’époque actuelle des habitations voisines rue de Gueldre insère l’articulation des différents appartements et au bâti existant. Dès le stade du premier étage, aucun volume ne déborde des limites latérales arrière des constructions principales existantes. Le curetage devient volume libéré.
Les principes de dégressivité et de raccords volumétriques sont maitrisés, seuls les volumes d’accroche de la façade arrière Cathédrale se hiérarchisent pour établir l’attache au n°26. Le caractère simple des façades démolies de la rue de Gueldre ne pose d’aucun remord, le porche hypnotise et manifeste l’entrée du nouveau projet global tandis que les persiennes garantissent la sécurité et l’intimité des locaux diurnes.

Ouverture / fermeture
La transparence des commerces voulue à raison est totale tant sur la profondeur que la largeur complète de la rue commerciale. La lumière et la végétation comme fonds de scène attire le badaud aux vitrines des trois commerces à la répartition équitable. Organisés suivant la même volonté, les logements traversant bénéficie tous de la vue et de l’accès au jardin, d’une ventilation naturelle où l’orientation Nord Sud trouve tout son sens.

Public / privé
Construire deux immeubles indépendants mais en vis à vis nécessite de matérialiser la continuité, l’homogénéité adaptée. Les matériaux viennent à notre service. Depuis les rues, les façades externes sont similaires sans être identiques. La couleur des volumes supérieurs en retrait souligne l’effet de corniche du premier plan
L’emploi de bacs en acier laqués de teinte blanc, lisses ou perforés selon la destination, révèle l’effet de peau comme traitement de l’enveloppe extérieure. Protections solaires ou intimités des personnes, les volets-persiennes dialoguent et donnent un caractère d’unité aux façades. Outre la rigueur verticale des bacs dissimulant de larges balcons inévitablement horizontaux, l’ouverture des persiennes dynamise les plans-façades, rythme et séquence la progression dans les rues au gré des ouvertures et fermetures de celles-ci. La lumière naturelle projetée sur les éléments de façades accentuera également cette rythmique. Les trois plans de peau de la rue de la Cathédrale séquencent les travées verticales dans la trame urbaine. Leur retour perpendiculaire à la rue pourrait servir de support d’enseigne ; tandis que le plan unique de la façade rue de Gueldre encense la symbolique du porche d’entrée dont la gestion se matérialise par une grille avec portillon d’accès permettant l’entrée autorisée aux logements.
Le socle, rue de Gueldre, la continuité des seuils en pierre de taille et du bandeau supérieur des vitrines rue de la Cathédrale soulignent les strates horizontales des rez-de-chaussée.

Les façades internes se correspondent par leur revêtement en crépis qui protège l’épaisse couche d’isolant. Elles s’effacent au profit des excroissances et terrasses qui prolifèrent et s’y greffent à l’intérieur de l’îlot comme autant des loges devant une scène, le jardin devient spectacle.

C. Aménagements intérieurs - extérieurs

Nord / Sud
L’orientation et la relation avec le contexte extérieur sont les stades initiaux de toute conception architecturale dans l’organisation interne de logements. La rue de la Cathédrale orientée Sud-Est invite à aménager les espaces de vie et les terrasses extérieures vers leur face ensoleillée.
Contrairement, l’agencement des appartements rue de Gueldre bénéficie du calme de la rue, apporte la fraîcheur et le sommeil aux résidents tout en offrant jardin et lumière aux terrasses débordantes.
Les dimensions et proportions des locaux de vie les plus allongés possible vison-visu de l’emprise des rues offrent des volumétries intérieures à la sensation dégagée, simple et claire. Ils offrent les garanties de qualités spatiales d’habitabilité de la vie intérieure. L’orientation, l’éclairage naturel et les rangements tant communs que privés sont généreux, complets et diversifiés.
La configuration et la fonctionnalité des espaces servants et servis ; logements et communs si elle paraît évidente n’est que l’aboutissement et la mise en projection du vécu dans le projeté. L’ensemble des collaborateurs de nos deux bureaux habitent et vivent à Liège et tous considèrent que le traitement des espaces construits et non construits doivent entrer en résonance avec les services offerts par la Ville et le tertiaire au bien être de vivre en ville.

D. Système constructif- matériaux

Tout comme le projet Coronmeuse, nous travaillons le bois, élément omniprésent et fondateur de la construction passive. Le système constructif CLT se compose d’un assemblage de panneautages en bois massif formant des volumes complets préfabriqués en atelier et assemblés sur site dans des délais « record » sans zone gênante de chantier en plein centre urbain.
Les pignons mitoyens sont entièrement isolés et rendus indépendants des caissons homogènes porteurs. Une isolation adaptée ceinture l’ensemble de toutes les surfaces: sol, pignons, façades.
La structure en bois massif des planchers permet les portes à faux sans ponts thermiques. Recouverts d’une chape sèche aux qualités thermiques, mais surtout acoustique, ils acceptent toute finition souhaitée.

E. Objectifs en matière de préservation des ressources (aspect environnemental du développement durable)

Etant donné que la part essentielle de la consommation totale d’énergie d’un bâtiment sur sa durée de vie provient directement de sa consommation d’énergie à l’utilisation (chauffage pour l’essentiel, eau chaude sanitaire ensuite et électricité résidentielle en 3° poste), nous poursuivons notre volonté affichée lors du projet Coronmeuse d’orienter comme premier axe de contrainte, le choix assumé d’un bâtiment passif qui a l’avantage d’offrir un standard de qualité univoque et clairement défini, certifiable et déjà testé de par le monde.

S’il vise en premier lieu le confort d’hiver chez nous (besoin net en énergie de chauffage très faible, l’équivalent de 150 litres de mazout ou m³ de gaz par an pour un logement de 100m²), il ne délaisse pas non plus le confort d’été (risque de surchauffe vérifié et limité à 5% du temps au-dessus de 25°C).
Les moyens pour y parvenir sont relativement simples. L’ergonomie des volumes joue à son avantage, elle est complétée par un niveau d’isolation élevé et une bonne gestion de l’étanchéité à l’air de l’ensemble.

Le système constructif retenu est le bois massif contrecollé croisé qui se combine parfaitement bien avec ce choix pour diverses raisons :
- les éléments porteurs sont plus minces, ce qui laisse plus de place à l’isolation sur un complexe d’une épaisseur définie ;
- ils contribuent eux-mêmes dans une moindre mesure à cette isolation de par les caractéristiques intrinsèques du bois (15x plus isolant que le béton) ;
- l’élément bois peut être considéré comme élément isolant interposé dans le cadre du calcul des ponts thermiques, les rendant plus faciles à gérer ;
- enfin, le système se présentant sous la forme de panneaux de grand format, les jonctions à rendre étanche à l’air sont réduites.
Des systèmes de ventilation double-flux avec récupération de chaleur sont placés dans les différentes unités de logement. Pour des raisons pratiques et acoustiques, chaque unité dispose de son propre groupe de ventilation de façon à en maîtriser l’usage et la régulation tout en ne créant pas de risque de transmission de bruit entre les logements.
Les façades principales orientées Sud-Est, les apports solaires sont optimisés et contrôlées. Les grandes baies reculées apporteront lumière sans effet de surchauffe grâce aux voletspersiennes qui se jouent de la lumière, la transparence des façades ou de la recherche d’intimité. Les toitures plates vertes limitent les effets de surchauffe.

Les besoins étant limités à l’extrême, le choix du système de chauffage devient dès lors très peu impactant sur la consommation globale de l’ensemble. Les besoins en eau chaude sanitaire deviennent prépondérants ; ils sont pour leur part couverts par des pompes à chaleur ECS qui permettent de réduire la consommation de façon importante (COP visé de 2,5).
Une installation photovoltaïque est placée en toiture et vient compenser les consommations électriques des communs (éclairage, ascenseur, …) afin d’offrir un bâtiment avec des charges communes extrêmement réduites.

Le deuxième poste de consommation d’énergie grise d’un bâtiment est la consommation d’énergie liée à sa construction, le bois prend tout son sens : matériau naturel, local, stockeur de carbone, nécessitant peu d’énergie pour les phases « extraction de la matière première » et « préfabrication ». De par sa légèreté, il implique également une consommation moindre au niveau du « transport ».
La préfabrication des éléments implique l’absence de déchets de construction sur le chantier. L’entièreté des déchets produits sur la chaîne de fabrication est ainsi directement récupérée en atelier et valorisable (production de chaleur et d’électricité pour les processus des chaînes de montage).
Le système constructif retenu garanti en outre la provenance des matières premières ainsi que la réalisation de toutes les phases de transformation en Europe de l’Ouest.
L’isolation des façades (éléments les plus déprédatifs de par leurs surfaces importantes) sera réalisée en polystyrène expansé recouvert de bac en acier laqué lisses et perforés suivant leur fonction.

Si le troisième poste de consommation d’énergie grise d’un bâtiment est lié à sa démolition, le bois s’avère toujours pertinent. Les moyens techniques à mettre en oeuvre en démolition sont simples et limités ; les nuisances très réduites ; les déchets sont au minimum valorisables comme combustibles.

F. Composante végétale

Sur l'ensemble des parcelles acquises, le seul «espace» extérieur non construit est actuellement la courette qui donne accès aux deux annexes n°3 Rue de Gueldre(+/-20m2), c’est-à-dire 0,25% de la surface au sol. Un des objectifs essentiels du marché étant de dégager l’intérieur d’îlot en vue d’y créer un espace paysager de qualité, le marché impose une surface dégagée de 30% de la contenance totale des 828,34m2.
Nous comprenons parfaitement bien que ce dégagement important végétalisé profite aux résidents mais aussi aux propriétés privées situées à la périphérie de l'opération et les incitera peut-être à faire de même.
La composante végétale est donc un élément important du projet ; l’espace vide n’est pas nu, il doit intégré de façon tridimensionnelle, les différents plans-espaces : surface, contours, objet.
Au sol, à titre de traitement de surface, nous libérons 320m2 au lieu des 248,50 demandés. Le sol percolant reprend les différences de niveaux entre les deux rues, accentue la transparence voulue de la construction rue de la Cathédrale et incite à la convivialité des habitants : jardin, potager urbain, … Apprendre les quoi, quand, comment.

Ancien / nouveau
Traces du passé, « à la recherche de Léodium », les pieds des murs des annexes sont en parties maintenus et participent au renouveau de l’intérieur d’îlot. Tantôt étêtés à 40cm, coiffés d’un cimentage bombé, ils sont recouverts de tôles en acier laqué formant banquettes tout en rappelant les volets persiennes d’un autre plan-espace. Chaque partie de murs d’altitude variable suivant l’existant est envahie différemment par le végétal : son orientation , sa hauteur de protection et réverbération de la chaleur, … engendre un jardin aux milles sens. Certaines parties d’anciennes baies de fenêtre forment des cadres de composition paysagère ponctuels qui développent la notion de rythme et de parcours par les faces et les champs visuels successifs qu’elles engendrent. D’autres parties de murs gardent leur rôle porteur retenant des structures légères en acier laqué servant d’abris vélo avec crochet de cadenas, de gloriette recouverte de plantations. Chaque zone équivaut à une multitude d’instants, le jardin se décompose : relaxante lors des temps de midi des commerçants, il devient accueillant lors d’un vernissage. Fragmenté et global, il laisse libre cours à ses envies.

Ouvert / fermé
Plutôt que d’essayer vainement de recouvrir et cacher les mitoyens, l’implantation de trois arbres réduit l’impact visuel oppressant des gabarits situés rue de la Madeleine. Les dégagements sont choisis, les vues abaissées tout en offrant l’espace aux propriétés privées situées à la périphérie de l'opération

La végétation s’approprie les plans-façades. La gradation des volumes vers le n°26 rue Cathédrale et les vides volontairement choisis sont autant d’espaces dégagés aux plantes grimpantes de couleurs changeantes. Elles animent les pourtours.

L’intégration végétale est complétée par l’ensemble des toitures toutes végétalisées pour permettre en outre de créer un stockage naturel des eaux de pluie et un déphasage bénéfique pour le dimensionnement des conduites d’égouttage mais aussi une réduction conséquente du choc thermique des logements et du réchauffement climatique.

Lors de notre visite, nous avons constaté qu’une cave voutée qui mériterait un meilleur destin que sa démolition et son remblayage. Avec un plan plus détaillé des sous-sols, nous pourrions envisager d’en faire par exemple la cave rangement du matériel commun du jardin.

Un équipement culturel de plein air conçu sous le double signe de la rencontre et de l'union des contraires: la nature et la ville, le corps et l'esprit, le savoir et le faire, .tel que quatre sculptures objet « les quatre saisons » stimule les angles de vue, individuellement ou par succession, elles s’additionnent et donnent une place de choix à la part culturelle qu’un tel projet peut inciter.